Place et Rôle du Psychologue dans la Consultation de Génétique Oncologique

Gabriella Anchen Psychologue clinicienne – Strasbourg

Les Consultations de Génétique Oncologique ont commencé en France depuis bientôt une quinzaine d’années. Il en existe aujourd’hui une centaine. En 2003, Le Plan Cancer lancé par le Président Chirac a prévu le financement d’un psychologue au sein des ces consultations.

En principe, et depuis cette date, toutes les consultations de génétique oncologique ont un psychologue parmi les membres de l’équipe. Et chaque équipe a réfléchi à la place et à la manière de proposer cette écoute spécifique que représente la rencontre avec le psychologue. Dans l’équipe des HCC (Hôpitaux Civils de Colmar) et des HUS (Hôpitaux Universitaires de Strasbourg) auxquelles j’appartiens, nous fonctionnons en binôme médecin / psychologue durant la première partie de la consultation, qu’il s’agisse d’une première consultation ou d’une consultation de résultats. Aux cours de la deuxième partie, « je garde » avec moi la ou les personnes venues.

En trois ans de présence, personne ne m’a jamais refusé ce temps de parole. Par contre, il est évident que les gens « occupent » cet espace de manière différente. Mon objectif est de proposer un moment, dans l’après coup de la discussion avec le médecin, pendant lequel nous allons essayer d’aborder l’impact émotionnel et psychologique suite à l’annonce du résultat. Je dis bien, essayer.

La consultation de génétique est toujours une consultation familiale ; même si la personne vient seule. Toute personne est d’une certaine manière « le produit » de son histoire familiale et personnelle. Et chacun d’entre nous a une ou des représentations, sur soi, sa famille… et la maladie.

Dans une démarche du type consultation génétique, le rôle de la psychologue que je suis est d’aider les personnes à se penser, et à penser la démarche pour qu’elle devienne « leur démarche ». La consultation de génétique oncologique est une consultation difficile et longue pendant laquelle le médecin va recueillir des données dites « objectives » (nombre de cancers dans la famille, âge d’apparition des tumeurs, type de traitement proposé, etc.). La construction de l’arbre généalogique, mais aussi le fait de se placer sur cet arbre déjà construit, renvoie la personne à cette histoire qui est la sienne et celle de sa famille. Cette consultation est difficile car elle rappelle les souvenirs, elle renvoie aux pertes et elle place certaines personnes en tant que : responsable de, ou futur malade.

Le rôle du psychologue, tel que je le conçois, est aussi de faire en sorte que la personne ne reste pas dans ce type de « cognition » (pensée). « Frôler » la question de la culpabilisation, donner un sens à la démarche, imaginer la manière d’aborder la question avec les proches, sont quelques uns de thèmes les plus souvent échangés par les personnes.

Concernant la consultation des personnes appartenant à une famille dans laquelle on a trouvé, ou on suspecte fortement un Syndrome de Lynch, la question de la mise en place de la surveillance appuyée et des moyens de prévention telle que la chromo coloscopie, est l’un des éléments prépondérants. « J’ai déjà dit à mon fils qu’il faut qu’il fasse des coloscopies, mais il ne veut rien entendre ». Faire passer l’information quand on a été soi-même malade et qu’on nous apprend que la meilleure manière d’éviter cela passe par cette coloscopie, est une question délicate. Comment trouver les bons mots, comment faire accepter, comment convaincre… Toutes les meilleures intentions ne sont après tout que des intentions, car l’amour n’a jamais été un gage d’efficacité. Et au final, comment faire avec un choix de « non surveillance » qu’on ne partage pas. Dans la grande majorité des cas, la rencontre avec le psychologue reste une rencontre ponctuelle.

Gabriela Anchen Psychologue clinicienne – Strasbourg – Novembre 2007